Mais qui a cassé le vase de Soissons ?

Entrez dans la légende… du vase de Soissons
On a tous entendu cette phrase au moins une fois à l’école. Mais ici, nous sommes vraiment à Soissons. L’endroit même où la légende prend vie, au détour d’un rond-point, d’un monument ou d’un jardin secret. Prêt·e à mener l’enquête ?
La ville aux mille et un vases
Ici, le vase, c’est plus qu’un souvenir d’histoire : c’est un véritable emblème !
Du centre-ville aux quartiers plus discrets, il est partout : sculpté, peint, gravé, stylisé. Vous en verrez sur les façades, dans les parcs, sur les enseignes ou même… à l’Office de tourisme. Il faut juste savoir ouvrir l’œil.
Les plus connus ?
La fontaine du Vase Lartigue, au rond-point des États-Unis
Le bas-relief du monument aux morts, Place Fernand Marquigny
Et bien d’autres encore, bien cachés… mais on ne va pas tout vous dire tout de suite !
Partez à la recherche des vases !
Et si vous découvriez Soissons à travers ses vases ? C’est la balade idéale à faire en famille, pour mêler culture, jeu de piste et balade urbaine.
Le concept :
Vous flânez dans les rues, les jardins, les cours intérieures… et vous partez à la recherche des vases cachés dans la ville. C’est ludique, instructif, et parfait pour faire aimer le patrimoine aux enfants… ou raviver vos souvenirs d’école !
Passez à l’Office de Tourisme ou au CIAP (Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine) : on vous remettra gratuitement le livret-jeu « Laissez-vous conter le Vase de Soissons ». Un petit trésor pour vivre la légende !
Clovis, le Vase et la légende…
Rendez-vous Place Fernand Marquigny. C’est là que tout commence : un monument y retrace la fameuse scène du vase.
Saurez-vous repérer Clovis ? Petit indice : il a les tresses les plus stylées du royaume mérovingien !
Pour aller plus loin, direction le Musée Saint-Léger :
Dans la salle d’histoire locale, vous découvrirez de véritables vases mérovingiens utilisés au quotidien il y a plus de 1500 ans. L’occasion parfaite pour relier la légende à la réalité historique, tout en s’imprégnant du patrimoine de la ville.

Mais du coup, qui a cassé le vase de Soissons ?
Un écho légendaire venu du fond des âges…
Imaginez : nous sommes en l’an 486, sur les terres encore empreintes de l’Empire romain. Le jeune chef franc Clovis, fraîchement victorieux après la bataille de Soissons, marche parmi les trésors amassés par ses guerriers. Au cœur de ce butin : un vase d’exception, somptueux et sacré, pris dans une église. Ce vase ne brille pas seulement par sa richesse… il porte aussi la prière des hommes.
Un messager de l’évêque de Reims (sans doute le futur saint Remi) supplie Clovis de lui restituer ce précieux objet liturgique. Le roi accepte. Mais chez les Francs, chaque guerrier a droit à sa part du butin. Clovis demande que ce vase lui soit attribué en supplément, pour le rendre à l’Église. Tous acquiescent… sauf un.
Un soldat, Syagrius (selon les dires de Grégoire de Tours) s’avance, le regard dur. Il s’écrie :
« Tu n’auras que ce que le sort t’attribuera ! »
Et d’un coup brutal de hache, il fracasse le vase sous les yeux de tous.
Clovis se tait. Il plie… mais n’oublie pas.
Un an plus tard, lors d’une revue de ses troupes, il retrouve ce Syagrius. Prétextant un défaut dans son équipement, il lui fait jeter sa hache. Quand le guerrier se penche pour la ramasser, Clovis saisit l’arme et lui fracasse le crâne :
« Ainsi as-tu fait au vase de Soissons ! »
Entre histoire et légende…
Cette célèbre anecdote, rapportée par Grégoire de Tours, n’est peut-être pas entièrement véridique… Mais elle incarne le caractère redoutable et rusé de Clovis, futur premier roi chrétien des Francs, et marque à jamais l’imaginaire collectif.
Aujourd’hui, le vase de Soissons reste un symbole fort de notre territoire : mystérieux, puissant, enraciné dans le temps. Il ne reste aucune trace du vase original, mais la légende, elle, continue de vivre… à Soissons.
Explorez les rues historiques de Soissons, visitez la cathédrale, découvrez les musées et plongez au cœur de l’histoire des Francs.
Et qui sait… peut-être entendrez-vous encore résonner l’écho du vase brisé ?


Le bas-relief du vase de Soissons
Quand la pierre raconte notre histoire
Au cœur de la place Fernand Marquigny à Soissons, un monument majestueux attire les regards. Inauguré en 1935, ce monument aux morts ne se contente pas d’honorer les disparus de la Grande Guerre. Il incarne également les grands épisodes de l’histoire soissonnaise, ceux qui ont façonné l’identité de la ville à travers les siècles.
Parmi eux, la célèbre légende du Vase de Soissons occupe une place de choix. Cette scène emblématique est gravée dans la pierre sous forme de bas-relief, œuvre du sculpteur et médaillé Raoul Lamourdedieu, donnant vie au moment où Clovis fait justice après l’affront du vase brisé.
Le monument dans son ensemble est une œuvre pensée dès avant la Première Guerre mondiale par le sculpteur Paul-Albert Bartholomé. Sa réalisation n’a toutefois pu voir le jour qu’en 1922, dans un Soissons encore marqué par les destructions de la guerre. Ce contexte explique la forte portée symbolique du monument, conçu non seulement comme un lieu de mémoire, mais aussi comme un récit de résilience et d’héritage.
Autour du socle, quatre statues prennent place : deux soldats francs et deux poilus, symbolisant le lien entre les générations de combattants. Les bas-reliefs racontent, comme un livre ouvert sur le passé :
- La légende du Vase de Soissons
- L’entrée de Jeanne d’Arc dans la ville
- La fuite des habitants face aux bombardements
- Et enfin, un hommage solennel aux morts de la Grande Guerre
Un détail méconnu mérite l’attention : le monument devait initialement être couronné par une statue féminine, surnommée « la Dame Blanche ». Mais la guerre est passée par là, et le projet a été modifié. La statue, pourtant bien réelle, a été déplacée. Aujourd’hui encore, elle veille silencieusement sur les promeneurs du parc Saint-Crépin, au bord de l’Aisne.
Le monument aux morts de Soissons n’est pas qu’un hommage aux disparus. Il est aussi un livre de pierre, une mémoire collective sculptée à même la ville. En le découvrant, c’est toute l’histoire de Soissons qui se donne à lire, entre mythe et réalité, entre mémoire et avenir.




