L’église de Mont-Notre-Dame : joyau insoupçonné…
Au détour des vallons du Soissonnais Valois, le village de Mont-Notre-Dame abrite un trésor que peu de gens connaissent… une église de style art-déco.
Le souvenir est le parfum de l’âme. »
L’église de Mont-Notre-Dame
Un millénaire d’histoire gravé dans la pierre
L’église de Mont-Notre-Dame ne se contente pas d’exister : elle raconte, elle émeut, elle incarne mille ans d’Histoiredepuis les temps médiévaux jusqu’au souffle moderne de la Reconstruction. Aussi, chaque année, elle se dévoile lors du Printemps de l’Art déco, événement incontournable pour les curieux d’architecture et les passionnés de patrimoine vivant et sur réservation auprès de l’association La Nostra.
Ici, chaque pierre semble porter la mémoire des siècles. Tout commence au cœur du Moyen Âge : Girard de Roussillon (800-877), ancien comte de Paris, découvre les reliques de Sainte Marie-Madeleine et les ramène dans son fief à Vézelay (89). Pour les abriter, il fonde plusieurs collégiales — la toute première est érigée à Mont-Notre-Dame.
Plus tard, au XIIIe siècle, Saint Louis (1214-1270) lui-même enrichit ce sanctuaire en y déposant une partie des saintes reliques. Ainsi, l’édifice devient un haut lieu de spiritualité, traversant bravement les épreuves du temps : guerre de Cent Ans, invasions espagnoles, guerres de Religion… mais c’est la Première Guerre mondiale qui lui porte le coup fatal. En août 1918, alors que les troupes allemandes battent en retraite, la collégiale est entièrement dynamitée, ne laissant debout que la crypte et un pan du transept nord, encore visibles aujourd’hui comme une blessure sacrée.
L’art déco au service du sacré
Mais de ses ruines jaillit une renaissance spectaculaire. Entre 1929 et 1933, les architectes Georges Grange et Louis Bourquin imaginent une église résolument moderne, puissante, lumineuse : une œuvre intégralement pensée dans le style Art déco, du sol à la flèche. Soit, le chantier le plus coûteux de Picardie à cette époque. Elle exalte une ambition artistique et spirituelle du projet.
Le résultat est saisissant : une silhouette imposante en pierre de taille, à la croisée des influences romanes et gothiques, réinterprétées avec l’élégance géométrique de l’Art déco. À l’intérieur, chaque détail raconte l’exigence d’un renouveau artistique :
- Le chemin de croix et la chaire sculptés par Ernest Sediéy, sculpteur rémois,
- Les fresques vibrantes signées Eugène Chapleau,
- Les vitraux conçus par René Bour et réalisés à Paris par Jacques Damon, maître verrier de renom — certains ayant même été exposés à la prestigieuse Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925.
L’église de Mont-Notre-Dame
Un chef d’œuvre total, unique en France
Ce qui distingue l’église de Mont-Notre-Dame, c’est son unité artistique absolue : tout, absolument tout, est Art déco. De la ferronnerie au mobilier, des jeux de lumière aux volumes intérieurs, rien n’a été laissé au hasard.
Mais c’est la grande rosace qui en est peut-être l’apothéose. Unique en France, elle mêle avec une intensité bouleversante le sacrifice chrétien et le sacrifice guerrier. L’âme des anciens combattants y croise celle des saints : un hommage puissant à ceux qui ont souffert, à ceux qui ont cru, à ceux qui ont reconstruit.
Initialement classée Monument Historique en 1886, l’ancienne collégiale fut déclassée en 1926 après sa destruction, mais son esprit survit dans cette reconstruction magistrale. Aujourd’hui, l’église de Mont-Notre-Dame est l’un des plus précieux témoignages du renouveau de l’art religieux du XXe siècle, et pourtant, elle reste encore trop méconnue..
Informations pratiques
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