Au cœur de la forêt de Retz, entre histoire royale, langue française et résilience, le château royal de Villers-Cotterêts incarne l’âme vivante d’un royaume, d’une langue et d’un patrimoine. Seul château royal de la Renaissance en Picardie, il traverse les siècles avec éclat, gravé à jamais dans l’Histoire de France.

L’homme libre est celui qui n’a pas peur d’aller jusqu’au bout de sa pensée. »

Léonard de Vinci

Le château royal de Villers-Cotterêts

Le rêve de François 1er : un palais en forêt

Nous sommes en 1528. Après les tumultes de la bataille de Pavie, François Ier, roi bâtisseur, rêve d’un lieu pour se ressourcer et chasser, loin du tumulte des palais parisiens. Son intérêt se porte vers Villers-Cotterêts, au cœur du duché de Valois dont il est issu.
Sur les fondations d’une résidence modeste, il élève un logis royal flamboyant, à deux pas de la forêt de Retz. Philibert Delorme, l’un des plus brillants architectes de son temps, contribue à faire du château un chef-d’œuvre de la Renaissance, avec ses façades sculptées, ses emblèmes royaux, et une chapelle révolutionnaire qui rompt avec le gothique.

Ce lieu, qu’il surnomme affectueusement « Mon Plaisir », deviendra un écrin de pouvoir, de fêtes somptueuses et de décisions historiques.

Le château royal de Villers-Cotterêts

Berceau officiel de la langue française

C’est dans ce même château, en 1539, que François Ier signe un texte fondateur : l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, qui impose l’usage du français dans tous les actes administratifs et juridiques du royaume. Pour la première fois, une langue parlée par le peuple devient la langue du droit, de la justice et du pouvoir. Une révolution linguistique.

Le château devient ainsi le berceau institutionnel de la langue française, un symbole fort, qui résonne encore aujourd’hui dans toute la francophonie.

Capitale éphémère et théâtre de l’Histoire

Résidence prisée des souverains, Villers-Cotterêts devient souvent la capitale temporaire du royaume. Henri II y chasse jusqu’à l’épuisement, François II y séjourne avec faste, et les cuisines du château débordent de commandes : dizaines de cochons, centaines de volailles, tonneaux de vin… tout un pays s’anime au rythme de la cour.

Mais le château est aussi un haut lieu de culture. En 1664, Molière y joue « Le Tartuffe » devant Louis XIV, malgré l’interdiction de l’archevêque de Paris. Et les fêtes des Orléans, qui en héritent en 1661, redoublent de splendeur : bals masqués, feux d’artifice, spectacles de l’Opéra, orgies joyeuses où l’on sabre 80 000 bouteilles de vin en une soirée…

Le château royal de Villers-Cotterêts
Le château royal de Villers-Cotterêts

Un monument miraculé, un destin en mouvement

Avec la Révolution, le château change de fonction. En 1808, il devient un dépôt de mendicité, puis une maison de retraite. Lors de la Première Guerre mondiale, il accueille un hôpital militaire au cœur des combats de la Seconde bataille de la Marne. Miraculeusement, le bâtiment sort presque indemne des affrontements.

Mais c’est en 2023, après un vaste chantier de restauration impulsé par le président de la République, que le château entame sa nouvelle vie.

La Cité internationale de la langue française : un monument tourné vers l’avenir

Aujourd’hui, la Cité internationale de la langue française s’y installe. Ce n’est plus un simple château, c’est un lieu de rencontre, d’expérimentation et de transmission. Visiteurs, chercheurs, artistes, enseignants et curieux du monde entier s’y croisent pour explorer la richesse et la diversité de la langue française.

Expositions, spectacles, résidences artistiques, innovations linguistiques, ateliers pédagogiques… Villers-Cotterêts deviendrait-il un nouveau un centre vibrant de culture, comme il l’était à l’époque des rois ?

Un château royal, un acte fondateur, une renaissance contemporaine : Villers-Cotterêts n’a jamais cessé d’être un lieu d’avant-garde.